Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal montre qu’une consommation régulière de cannabis est associée à une hausse des comportements violents chez les jeunes adultes après un congé de l’hôpital psychiatrique. La recherche du Dr Alexandre Dumais (M.D., Ph. D., FRCPC, psychiatre à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal) et du Dr Stéphane Potvin (Ph. D., professeur à l’Université de Montréal), effectuée auprès de 1136 patients (âgés de 18 à 40 ans) ayant des troubles mentaux et ayant été suivis à travers cinq rencontres au cours de l’année, prenait en compte la consommation de la substance ainsi que l’apparition de comportements violents.
Des recherches antérieures avaient déjà établi que des problèmes liés à la consommation de cannabis sont associés à un comportement violent. Or, selon ces nouveaux travaux, publiés dans Frontiers in Psychiatry, les fumeurs qui ont rapporté à chacune de leur visite de suivi avoir continué à consommer du cannabis ont présenté un risque accru (+144 %) de manifester des comportements violents.
Ces résultats confirment ainsi le rôle délétère d’une consommation chronique de cannabis chez les patients ayant des troubles mentaux. Selon le Dr Dumais, chercheur principal de l’étude, «un élément intéressant qui se dégage de nos résultats est que l’association entre consommation persistante de cannabis et violence est plus forte qu’avec l'alcool ou la cocaïne».
Indicateur pour le suivi externe
La persistance de la consommation de cannabis devrait ainsi être considérée comme un indicateur de comportements violents futurs lorsque le patient sort de l’hôpital psychiatrique pour être suivi en consultation externe, bien que les chercheurs soulignent que ces comportements ont tendance à s’estomper avec le temps. «Cette diminution pourrait entre autres s’expliquer par une meilleure adhésion au traitement (le patient s’implique mieux dans le traitement au fil du temps) et un meilleur soutien de son entourage. Bien que nous ayons observé que les comportements violents avaient tendance à diminuer au cours des périodes de suivi, l'association est demeurée statistiquement significative», a tenu à souligner le Dr Dumais
Les résultats de ces travaux indiquent par ailleurs qu’il n’existe pas de relation réciproque, à savoir que c'était la consommation de cannabis qui engendrait un comportement violent futur et non l’inverse (par exemple, une personne violente pourrait consommer à la suite de comportements violents pour diminuer la tension associée aux évènements), comme le laissaient entendre des études précédentes.
Les effets du cannabis sur le cerveau
Une récente méta-analyse portant sur des études de neuro-imagerie a montré que les utilisateurs chroniques de cannabis présentent des déficits au niveau du cortex préfrontal, une partie du cerveau qui agit entre autres comme un frein pour les comportements impulsifs. Ces résultats sont importants, car ils fournissent des informations supplémentaires aux jeunes adultes, qui pourront évaluer les risques de la substance avant de décider de la consommer ou non. Ils constitueront aussi un outil pour l’élaboration des stratégies visant à prévenir les risques de violence associés au cannabis, ces risques ayant des conséquences importantes sur le plan social et sur la santé des jeunes adultes et de la société en général.
Cette étude a été soutenue par le Fonds de recherche du Québec–Santé.